Yannick Borel, à quelques jours du début des JO, nous sommes très heureux de nous réengager à tes côtés : on voudrait partager un peu plus de ton parcours…
J’ai commencé l’escrime dans un club à côté de l’école à 10 ans. Ca a été comme évidence et depuis, je ne me suis jamais posé la question d’arrêter : c’est comme si j’étais tombé amoureux !
Je crois que ce qui me plaît dans l’opposition c’est de devoir trouver une solution pour gagner face à l’adversaire : chaque match est différent et on se réadapte en permanence.
Depuis tout gamin, je fais les choses pour gagner : j’ai un esprit compétiteur dans tous les domaines, et même avec les amis quelque fois !
Alors la compétition sportive, j’y ai pris goût naturellement.
Pour moi, le plus important est d‘être « bon gagnant » plutôt que « mauvais perdant ».
J’ai quitté la Guadeloupe à 19 ans pour rejoindre le CREPS de Reims qui accueille les meilleurs espoirs. Mon objectif était d’intégrer l’INSEP puis l’équipe de France d’Escrime.
Après des années d’entrainements sportifs, qui riment avec engagement, dépassement de soi, exigence, gestion de la pression, je me suis fait ma place.
Comme tous les sportifs de haut niveau, mon parcours est une succession de réussites et de remises en question permanentes car les places « coûtent cher » : rien n’est jamais acquis.
J’intègre l’équipe de France sénior en 2010, je suis Champion d’Europe et du Monde en équipe en 2011.
En 2012 ce sont mes premiers JO : je vois la flamme s’allumer pour la première fois, mais c’est un échec dès les quarts de finale pour moi. Et les années suivantes, je n’arrive pas à intégrer les équipes. A ce moment, j’ai la rage de gagner… jusqu’à ce que la tendance s’inverse.
En 2016, je suis Champion Olympique en équipe et Champion d’Europe. En 2017 et 2018, je conserve mon titre européen que je suis à ce jour le seul à avoir remporté 3 ans de suite. Puis encore en 2022.
2018 est l’année de ma blessure, mais j’ai la volonté d’y arriver et je termine une belle saison : Champion de France, d’Europe, du Monde en individuel, et numéro 1 mondial.
Quand on commence une activité et qu’on grandit dedans, au début il y a l’insouciance, on ne se pose pas de question. Après on réalise ce que ca implique et si on y va, c’est qu’on a réfléchi : je ne compte pas les efforts que j’ai fait tout au long de ma carrière, et cette rigueur que je me suis toujours imposée.
La motivation est assez aléatoire je trouve, je l’oppose à la rigueur qu’on s’impose quotidiennement
Alors aujourd’hui, je me sens bien mieux préparé pour ces JO, et je suis fier de ne rien avoir laissé au hasard.
Être humble, recommencer indéfiniment en mettant les compteurs à zéro, le faire pour soi et pour l’équipe…
On apprend beaucoup dans la défaite, mais aussi dans la victoire. On travaille sur ce qui rend fort, on apprend de l’expérience des autres, partenaires et adversaires.
C’est important d’avoir des modèles, les bons et les mauvais, et de savoir mettre la bonne distance.
A entrainement difficile, compétition facile !
Globalement, je me sens fort. Je me connais mieux et je suis dans la maîtrise : plus performant, expérimenté, consistant physiquement.
Mais je fais attention à faire tout ce qu’il faut dans la préparation, il n’y a pas le choix.
J’ai construit ma saison en accord avec toute mon équipe vers un objectif : gagner les Jeux !
Ce sont mes 4e JO, et la dernière médaille qui manque à mon palmarès, c’est une médaille individuelle aux JO. Donc c’est la 1ère place que je vise et que je vais chercher. Ce n’est pas une prétention : c’est une ambition.
Alors maintenant il faut concrétiser toutes ces heures d’efforts, de doutes, de concessions partagées avec mes préparateur physique, entraineur d’escrime, psychologue, professeur de yoga, nutritionniste. On rêve tous de la même chose, on a tous la même envie. Et c’est tout aligné pour qu’il n’y ait pas d’accroc.
On partage beaucoup de points communs avec le cabinet et le management de transition : le sens de l’équipe, la recherche de performance, la capacité d’adaptation et la dose de courage requise…
Quel que soit le poste, même individuel, on s’inscrit toujours dans une équipe. Pour elle, on partage ses compétences, on se dépasse et on fait face à l’imprévu. Avec panache !
Alors venez vous soutenir au Grand Palais le 28.7 pour les épreuves en individuel, puis le 2.8 en équipe !